Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a mis ses menaces à exécution. Aussitôt après l’invalidation de la candidature de leur leader Karim Wade, les députés libéraux ont introduit une demande de mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire, pour se pencher « particulièrement sur les conflits d’intérêts, les avantages et les soupçons de corruption et de collusion de certains membres de notre Conseil constitutionnel avec certains candidats ».
Ces derniers estiment que « les juges Cheikh Tidiane Coulibaly et Cheikh Ndiaye auraient dû se récuser, en raison de leurs connexions douteuses et de leurs conflits d’intérêts ». Mais l’affaire semble être traitée en mode “fast-track”.
En effet, après le bureau de l’Assemblée nationale qui s’est réuni, hier jeudi, pour décliner la conduite à prendre par rapport à la requête des députés du groupe parlementaire Liberté, démocratie et changement, c’est la Conférence des présidents qui se réunit ce vendredi, à 16 h, en vue de la ratification en perspective dont la date sera déterminée dans les prochaines heures.
Mais ce qui intrigue le plus, c’est l’attitude du parti au pouvoir qui s’est réjoui de ce qu’il considère comme une « ferveur républicaine ».
Dans un communiqué rendu public hier soir, le secrétariat exécutif national (Sen) de l’Alliance pour la République (APR) a invité les députés de la majorité présidentielle à rester « attentifs » à cette initiative de leurs collègues de Wallu. « Le Sen demande aux députés membres du groupe parlementaire BBY de rester attentifs à l’initiative du Pds pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire aux fins d’être édifiés sur la non-validation de la candidature de leur leader ».
Le document relève, en outre, que « de notre point de vue, ces deux initiatives (celle du Pds et celle des candidats recalés, Ndlr), assises l’une et l’autre sur les principes fondamentaux du droit et de notre tradition de recherche de consensus, adressées aux institutions de la République, honorent leurs auteurs et attestent, si besoin en était, de la maturité de notre système démocratique ».
Le Pds et l’Apr mijotent-ils un possible report du scrutin présidentiel ? Du côté de l’opposition, l’on semble répondre par l’affirmative. C’est, en tout cas, l’avis de Bougane Guèye Dani, leader du mouvement Gueum Sa Bopp. « Les accusations portées contre le Conseil constitutionnel par le PDS sont graves, impliquant des allégations de corruption. » Si ces accusations sont confirmées, le processus devra être réévalué et nous ne pouvons pas continuer dans un processus biaisé. Donc, le combat continue et tous les Sénégalais doivent dénoncer cette situation, a-t-il notamment déclaré.
Mais selon certains juristes, cette démarche n’a pas beaucoup de chances d’aboutir, du fait du privilège de juridiction des magistrats.
IGFM