Une agriculture de rupture, par Mamadou Sy Tounkara” L’actuel modèle agricole sénégalais est en total déphasage avec nos besoins.”

Une agriculture de rupture, par Mamadou Sy Tounkara

Le problème de l’agriculture sénégalaise, ce n’est pas que les Forces de Défense et de Sécurité ou que les anges distribuent les semences. Le problème de l’agriculture sénégalaise est son modèle colonial qui se perpétue depuis l’introduction par les colonisateurs français de la monoculture arachidière en 1850 qui consacre l’économie de traite.

L’actuel modèle agricole sénégalais est en total déphasage avec nos besoins. Il a appauvri nos sols, dépeuplé nos campagnes, paupérisé nos paysans; il ne permet pas d’établir une chaine de valeur industrielle; il amenuise notre position extérieure nette du fait de la détérioration des termes de l’échange et de l’échange inégal; il consacre notre infériorité dans le système-monde en nous reléguant au rang de simple pourvoyeur de matières premières non transformées.

Une agriculture de rupture ne va plus infantiliser nos producteurs en leur distribuant gratuitement des semences. Les paysans doivent acheter leurs propres semences de qualité pour tuer en eux toute mentalité de dépendance.

Une agriculture de rupture va s’assurer que les paysans ne travaillent plus que deux mois dans l’année en dépendant totalement des pluies, sur de toutes petites surfaces.

Une agriculture de rupture va aider les paysans à maitrise l’eau pendant toute l’année, à se former aux techniques modernes appropriées (la houe, la daba, le kajendo doivent disparaitre, svp!), à avoir accès à des financements sérieux, à formaliser la propriété terrienne et, surtout, à avoir des prix rémunérateurs.

Une agriculture de rupture va aider les paysans à cultiver des variétés intéressantes en dehors de l’arachide coloniale. Imaginez que les fraises, framboises et pommes poussent au Sénégal; de même que le blé, le raisin et le tournesol. Nos sols sont bénis.

Une agriculture de rupture va produire pour nous nourrir et pour nous industrialiser.

Continuer dans la voie de l’actuel modèle agricole colonial est une voie sans issue. Quel que soit le pouvoir en place. Quel que soit le nombre de campagnes agricoles. Quel que soit le mode de distribution des semences.

 

Mamadou Sy Tounkara

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *